Les Gazettes du Gleizé Cyclo Club

Une histoire DOM, un ufolépien de Manissieux dans le département du Rhône bat le record de Paris-Brest-Paris de 40 minutes (PBP 1995) en 1 temps de 42 heures et 40 minutes pour accomplir les 1225 km soit à la moyenne horaire de 28,71 km. FABULEUX.
Une victoire avant tout morale que physique.
Dominique Briand, coureur UFOLEP du Rhône en première catégorie vient là de réaliser
un véritable exploit.
Tous les coureurs du Gleizé Cyclo Club lui adressent une flopée d'applaudissements.

PARIS-BREST-PARIS 2003 ou le récit d'une victoire tant espérée....

GUYANCOURT, 18/08/03, 18h30’ : ils viennent d’ouvrir les portes de l’enceinte du Gymnase des droits de l’homme, la ruée vers le départ du raid de l’impossible ...On reconnaît les initiés déjà placés à l’ouverture des grilles : Joël Gaborit a pointé en 1er, Dominique Briand en 3 ème, puis François Thoraval, Didier Kerlouet, Philippe Deplaix, Christophe Bocquet, ...
Le temps est idéal légèrement venté, ensoleillé, avec une température proche des 25°C.
Dominique est détendu en attendant sur son fauteuil de camping.
Sur la ligne de départ, idem. 

GUYANCOURT, 18/08/03, 20h00’ : les 600 premiers concurrents sont lâchés. Cette année en effet, les - de 84 heures sont partis en 2 fois, à 15’ d’intervalle. Au total cette année tout engin roulant non motorisé confondu, 4033 participants sont inscrits en provenance des 5 continents : une première !

MORTAGNE au PERCHE, 19/08/03, 0h18’, 18°C, 32.8km/h : La crécelle en bois que brandissait David, a bien été entendue par Dom. Il a pris son bidon et est reparti.
Pour ma part, je m’étais mis à la sortie du bâtiment contrôle, après la place recouverte de graviers, en cas de crevaison. Dom. m’a fait un signe de la main : tout va bien.
Je trouve que le peloton est petit par rapport à 1999. J’ai reconnu Jean-Pierre Cellier déjà à 5’, ce qui me surprend par rapport à son niveau de forme actuel.

VILLAINES la JUHEL, 2h50’, 16°C, 32.8km/h (32.8km/h) : Dom. passe 8 ème à ce contrôle redouté, avec une sérénité remarquable. Tout se passe bien. Coco (CTR) passe 10ème. Le peloton n’est plus que de 40 unités. Ce contrôle a été moins catastrophique que les autres années : les organisateurs ont fait mettre « pieds à terre » aux coureurs. De la moquette a été posée sur les marches d’accès au bâtiment de contrôle pour éviter les glissades; Je n’ai pas souvenir qu’il y en avait en 99.

FOUGERES, 5H50’, 17°C, 31.63km/h (29.33km/h) : Ils ne sont plus qu’à peine plus de 20. Dominique a sommeil et a demandé des vitamines.
Malgré le nombre restreint de concurrents dans ce groupe, le peloton est très nerveux. A suivre

TINTENIAC, 7h40’, 16°C, 31.36km/h (30.05km/h) : encore moins de monde au contrôle (- de 20). On a eu droit à un arrêt de 5’, unanimement décidé et sans entourloupe !!! Dom. m’avait prévenu au téléphone de l’arrêt mais Anne -Marie, David et moi croyions à du bluff (cf. Loudéac 99, au retour sur Paris).
Dom. a pris une bombe aérosol pour ses pieds, ça allait bien. Le jour s’étant levé, les visages étaient enfin à découvert. J’ai reconnu, Thoraval, Kerlouet, Deplaix, Miranda, Poncin, Chizelle, Morand, Bodin, Malard, personnes de la région Rhône-Alpes ou avec qui j’avais roulé au PBP99.

LOUDEAC, 19/08/03, 10h25’, 21°C, 31.34km/h (31.27km/h) : Même groupe. Dom. a pissé pour la 2ème fois n’importe où. Quelqu’un a relevé son n° de plaque de cadre. Dom. commence à se plaindre, ça tire sur les jambes. Je n’ai pas pu lire son message : il demandait à nouveau un massage des jambes et des pieds et beaucoup de bouffes solides. Sur ce dernier point, on a pu le satisfaire.
Sorti de Loudéac, le soleil brille et le ciel est bleu. Depuis le lever du jour, c’était gris mais sans brouillard ni bruine.
Sur ce contrôle nous n’avons pas été bons : 30’’ de retard à l’endroit où il descend de vélo pour aller au contrôle de passage. Plus de peur que de mal !

CARHAIX-PLOUGUER, 12h57’, 24°C, 31.21km/h (30.45km/h) : Ils sont toujours 19. L’américain Chris vainqueur de Boston-Montréal-Boston a rencontré un problème mécanique avec son dérailleur avant mais a avoué à sa femme que cela allait trop vite et que les à-coups étaient terribles. Il est reparti avec au moins 5’ de retard.
Dom est bien. On lui a massé les jambes. Pour les pieds il ne voulait pas. J’ai retiré son gros phare AV pour changer les piles et lui rendre à Brest. Nous croyons en notre poulain. Il dégage une sérénité à ce moment de la course qui fait plaisir à voir.

BREST, 15h57’, 24°C, 30.87km/h (28.67km/h) : Encore 2 coureurs de moins. Dom a roulé fort dans l’ascension avant le contrôle. Il veut du « Guronsan ». On s’est arrêté à Brest pour en acheter. Miranda a encore craqué et a abandonné au contrôle de Brest. Deplaix est toujours présent, il semble toujours d’attaque mais il repart avec 2’ de retard du contrôle !?

CARHAIX-PLOUGUER, 18h53’, 24°C, 30.42km/h (27.64km/h) : encore 16 coureurs. Philippe n’est plus là. Sa femme n’a pas encore de nouvelles. Nous rencontrons au contrôle, des cyclistes en route pour Brest alors que les « furieux » sont déjà sur le chemin du retour.
A partir de maintenant, nous rentrons dans la 2ème nuit et les rescapés de l’échappée vont désormais faire face à des myriades de lucioles voulant s’écraser sur eux. Ce sont les feux AV des cyclistes allant sur Brest. Ce décor féerique est par ailleurs très fatigant car comme des vulgaires insectes, les cyclistes sont éblouis et attirés par toutes ces étoiles filantes
Alain G., un participant à 3 PBP, est venu au contrôle pour voir les premiers. Cette année, il n’a pu prendre le départ pour des raisons de santé mais il est rétabli maintenant et je m’en réjouis. Je lui demande de me donner un coup de mains pour tenir le vélo à ce contrôle car j’ai les lampes à vérifier une dernière fois. 
Au contrôle, Dom n’a pas bronché : il est au top!

LOUDEAC, 21h37’, 17°C, 30.18km/h (28km/h) : la foule est immense. Les organisateurs font écarter les spectateurs trop impatients de voir ces extra terrestres.
Alain G. nous a retrouvé à ce contrôle et nous a donné encore la main. Merci à toi et sache que tu auras aussi participé à la victoire de Dom. !
Claude et Francine Mabillot, du même club que Dominique (SC MANISSIEUX, dans la banlieue lyonnaise) font le PBP03 en tandem mixte. Ils sont arrivés à ce contrôle (en direction vers Brest) et comme ils comptent passer la nuit ici, ils ont décidé de rester au point de contrôle pour encourager Dom. Francine est déjà bien entamée et n’a pas eu la force d’attendre et fait un gros dodo. Seul, Claude est présent mais son visage est bien marqué, les joues bien creusées malgré la barbe qui les recouvre et les yeux gorgés de sang. Ils n’ont manifestement pas fait semblant !!!
Nous parlons à Dom dès son arrivée au contrôle, comme toujours, de ce qu’on lui met dans les bidons, dans les poches. Nous l’escortons, le cocoonons pour le protéger des spectateurs, des obstacles qu’il ne verrait pas dans la pénombre : c’est notre star !
Les spectateurs présents ne reviennent pas du suivi de ces champions par leur assistance respective. Telle une voiture de F1, nous faisons le plein, réglons les phares, vidons leurs poches pour qu’ils repartent comme si de rien n’était.

TINTENIAC, 20/08/03, 0h56’, 14°C, 29.69km/h (25.9km/h) : La nuit se rafraîchit et Dom commence à avoir froid et très sommeil. Il nous a reproché de ne pas lui avoir donné de « Guronsan ». Toujours 16 coureurs en tête. Ils ont pris pour la première fois énormément de retard par rapport à leur moyenne globale.

FOUGERES, 3h17’, 14°C, 29.25km/h (23.4km/h) : la moyenne tombe, les organismes sont plus que meurtris. Dom est très fatigué mais il nous dit qu’il a de très bonnes jambes. Ce contrôle nous a permis de confirmer une nouvelle fois que les « AUDAX » n’aiment pas les cyclistes qui se battent comme des chiffonniers sur un PBP. Que de remarques sur nos pratiques jugées décalées et trop compétitrices !!!

VILLAINES la JUHEL, 6h50’, 12°C, 28.79km/h (24.79km/h) : un échappé, le n°622 (Robin) passe au contrôle avec 6’30’’ d’avance sur 11 hommes. Chizelle a lâché : on apprendra qu’il a été hospitalisé pour des problèmes aux yeux (vue trouble et très faible). Dominique se plaint à nouveau du sommeil mais il en veut !!
Le jour se lève. Dom a pris son temps au contrôle mais il est reparti avec les 10 autres.

MORTAGNE au PERCHE, 9h43’, 18°C, 28.71km/h (28.47km/h) : l’échappé a été rattrapé par 5 hommes dont Dom. C’est le plus fort à ce moment de la course. Les 5 autres compagnons de l’échappée initiale sont pointés à 11’ au contrôle !!!
Nous avons délesté le vélo de Dom. : grosse lampe AV enlevée, chasuble ôtée. Nous lui mettons un grand et un petit bidons car nous ne le ravitaillerons plus jusqu’à l’arrivée. En revanche, il reste un point de contrôle pour les coureurs à Nogent-le-Roi. Notre travail est maintenant terminé, c’est donc à toi de jouer, Dominique et de finir en beauté. Notre coeur bat très fort : tu vas réussir ton rêve !!
Les 6 hommes sont largement dans les temps du record de 95 (43h20’) et il ne suffit que d’une bonne entente pour le pulvériser.

NOGENT le ROI, 12h37’, 21°C, 28.72km/h (28.62km/h) : Incroyable !! Etant donné le temps de passage enregistré sur « www.audax-club-parisien.com », ils vont pulvériser le record. Ils sont toujours 6. Nous devons vite renoncer à une sieste pourtant méritée, si nous voulons les accueillir à temps et les féliciter pour ce nouveau record.

GUYANCOURT, 14h40’, 25°C, 28.71km/h (28.29km/h) :nous sommes arrivés 10’ avant leur apparition sur le « rond point des droits de l’homme ». Dom. et ces 5 collègues débouchent sur le rond point, les bras brandis pour certains. Ils se payent le luxe de refaire un tour du rond point avant de monter le trottoir d’accès au Gymnase. En entrant dans le gymnase, c’est l’ovation des photographes, des cameramen, de tous les amis et les curieux venus les accueillir. Ils seront tous pointés à 14h40’ soit un temps record de 42H40’ (- 40’ par rapport au précédent record de 95). Dom., ton rêve est exhaussé et après le record de Bordeaux Paris en 2000, tu possèdes désormais le record de Paris Brest Paris : que dire ! Même le « poirot » (alias Thierry Moiroux) ne peut en dire autant !!
De notre coté, Anne-Marie, David et moi-même avons réussi notre assistance. Si c’était à refaire, on ne s’y prendrait pas autrement : l’équipe connaissait ce type d’épreuves et était déjà très rodée en plus d’être motivée, peut-être même plus que Dom. et c’est peu dire !!!
Les 5 partenaires de course de Dom semblent fringants, leur visage est peu marqué en comparaison de celui de Dominique (cf. cassette vidéo du reportage FR3 du 20/08/03).
Les co-vainqueurs sont par ordre alphabétique : Bodin, Briand, Kerlouet, Leukx, Morand, Robin.
Après quelques félicitations et accolades, des photographes ont invité les 6 vainqueurs sur l’estrade centrale pour une séance de photos puis les coureurs ont demandé de faire monter leur assistance respective pour les associer à leur victoire.

Ensuite, léger retour au calme où les 6 coureurs ont retrouvé leur assistance respective pour les premiers soins ou premières collations de récupération.

Un groupe de journalistes de la presse écrite est venu interviewer Dominique, le seul qui est resté sur l’estrade assis les jambes allongées et qui était très éprouvé. Dominique a parlé de son parcours pour en arriver là, 3 PBP (95,99,03), 3 Bordeaux Paris (96,98,00), 2 RATA (Race Across The Alps, 02,03) et a expliqué pourquoi il espérait un tel résultat (sans parler de record qu’il n’envisageait même pas) en toute humilité.
Après j’ai été très touché par la présence d’un groupe d’enfants de primaire venus s’agglutiner autour de Dom pour une séance d’autographes. Dominique leur dit alors : « Vous ne devinerez jamais quel est mon métier ? ». Les enfants n’ont pas compris sur le moment cette question. Dominique leur dit ensuite : « Je suis instituteur ! », ce qui a fait sourire les accompagnateurs du groupe.

55’ plus tard, le 2ème groupe de concurrents arrive : des grosses pointures aussi, dans un temps de 43h35’ ! Y figurent Thoraval, Malard, Poncin et ????.

De nouveau, des applaudissements à leur arrivée et un immense respect par rapport à tant de courage, de ténacité et de résistance au mal.
Car c’est par là que passe la réussite d’une telle épreuve quel que soit le temps réalisé : une lutte de tous les instants contre soi-même, face au mal (de fesses, de pieds, de dos), au désir de dormir, à la volonté de jeter ce vélo et de tout plaquer. De ce dire, que l’on ne peut pas abandonner après tant de sacrifices physiques pour se préparer, tant de sacrifices familiaux où vos proches ne vous voient plus pendant les soirées de semaine et les week-ends parce que sur votre monture, parce que vous avez dit à de nombreux amis que vous vous attaquiez à PBP.

Au final, la victoire est avant tout morale avant d’être physique, car avec du recul vous vous dites que votre organisme est bien fait et qu’il peut supporter beaucoup de choses, ce n’est ensuite qu’une question de gestion.

Autour de Gambais, le 22/08/03, 8h45’, 15°C : mais où sont passées Claude et Francine de Loudéac ? Nous les avons suivis par téléphone, via leur assistance et sommes allés à leur rencontre ce vendredi au petit matin. Anne-Marie, David, mon père et moi-même. Dominique est avec nous et reprend pour la première fois le vélo depuis mercredi dernier 14h40’. Il n’a pas de douleurs particulières. Il sent juste les jambes qui le brûlent dans les petites côtes ou faux-plats montants.
Avant Gambais, nous retrouvons Claude et Francine, tous deux radieux et incroyablement reposés. Francine est souriante, Claude toujours aussi bavard. Pour Claude c’est son 4ème PBP (3 en solo, le premier avec sa femme en tandem), plus rien ne lui fait peur ni ne peut l’abattre. Pour Francine c’est son baptême et elle réussira à rallier Guyancourt en 85h environ avec son partenaire.85h en tandem, cela fait 42h30’ chacun soit le même temps que Dominique à quelques minutes près : trop forts les MANISSIEUX !!!
Nous les avons accompagnés jusqu’à la côte des Haizettes, prononcez « zézettes », et les avons laissés savourer leurs derniers kilomètres ensemble. Ces kilomètres sont paradoxalement avalés par beaucoup de concurrents  dans un certain état d’euphorie malgré les douleurs et la fatigue car ils sont l’aboutissement d’une aventure humaine phénoménale, comme si ils n’en avaient  pas faits assez.

Le comble après 1225km !!

                                         Un anonyme de l’assistance

Nota : pour le CT RAMBOUILLET (CTR)

Christophe Bocquet, 49h40’ (co-vainqueur du PBP99)
André Ialenti, alias « Coco », 49h45’ (1ère participation à PBP)
Joël Gaborit, en un peu plus de 57h (- de 50h au PBP99)
Philippe Deplaix, abandon à Carhaix au retour (co-vainqueur de PBP99)

Documents associés :

            Dossier de PBP03 avec le parcours détaillé des 1225km
            Horoscope de Dominique issu du « Parisien » du 18/08/03
            Article local du 27/08/03 sur PBP03
            K7 vidéo de 2’15’’, reportage de FR3 du 20/08/03


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